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Marco ne lui disait
jamais bonjour à l'autre, là, derrière la vitre. Comme
lui, chaque soir, il se brossait les dents ; parfois il
faisait des grimaces, parfois il était de mauvaise
humeur ; sa peau avait des boutons, comme la sienne, et
même, il bronzait en été. Il aurait voulu oublier ce
personnage indécent, ce visage disgracieux ou telle
simagrée malheureuse. Alors, il se mettait sur le
côté, car il ne pouvait le voir de biais. Sous la
vapeur, l'intraitable imitateur s'effaçait enfin, mais
juste le temps de sécher son corps et le voilà qui
réapparaît : insupportable insistance. On prétendait
que c'était lui, que son existence ne dépendait que de
sa présence. Il prétendait, lui, que c'était l'autre,
qui continuait à vivre pendant son absence. Enervant
malentendu, tragique imposture, il alla à la cuisine se
saisir d'un grand couteau. |
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